Aujourd'hui, quelle que soit la période artistique que vous nommez, les natures mortes florales font parties du décor.
Au commencement, se questionner quant à la présence des fleurs représentées dans l'histoire de la peinture. En 1603, Jan Brughel l'ancien peignait un bouquet de fleur, lorsque j'ai découvert ce tableau au premier regard je ne voyais qu'un bouquet vivant et animé, qui ne m'intéressait guère. Puis après examen approfondi, j'ai constaté que plusieurs fleurs se flétrissaient. Une façon métaphorique au XVIIème siècle de rappeler aux spectateurs la fugacité et la beauté de sa propre destinée, de sa mortalité inévitable, universelle.
Les fleurs, petites merveilles de la nature, si simples et si complexes parfois sont difficiles à ignorer. Qui ne s'est jamais extasié devant l'une d'elles, pour sa couleur, pour son odeur, pour sa forme, pour sa résistance, pour sa renaissance, etc.?
Depuis des siècles les humains échangent des fleurs pour exprimer des sentiments, des émotions, du "Je T'aime"à"Je suis désolé", elles portent en elles le langage que l'on veut bien leurs attribuer, s'inscrivant également comme vecteurs symboliques et relationnels.
Attribuée au genre des Natures mortes la représentation des fleurs dans la peinture, lorsqu'elles sont peintes par des hommes relèvent de la métaphore de vie et de mort. Mais lorsqu'elles sont peintes par des femmes, très rares et pour cause, (puisqu'elles n'avaient jusqu'à la fin du XIXème siècle début XXème aucun accés aux académies et cours de peinture comme les hommes, cela leurs étant interdit), il s'agit presque d'un sujet banal, sans possibilité de choisir autre chose que cette décoration quotidienne. Elles démontrent par là , leurs rôles de femmes dans une société qui la cantonne à son statut de mère et de femme d'intérieur.
Notons quand même quelques rares exceptions à la règle comme par exemple Artémisia Gentileschi, fille de peintre et femme de peintre, qui peindra des peintures d'histoires, genre exclusivement réservé aux hommes. En témoigne son célèbre tableau "Judith et Holopherne" entre 1625/1630, pour ne citer qu'elle.
Bien plus tard, lorsque Gorgia O'Keeffe, peintre Américaine nous livre ses pâles et doux portraits remplaçant le corps de la femme par des fleurs dans une puissante perspective sexuelle sans être pornographique elle s'affirme pour certains comme féministe, affirmant ainsi sa liberté d'être.
En ce qui me concerne, m'intéresser aux fleurs, aux végétaux s'inscrit dans une filiation universelle de notre condition d'homme sur terre, cette spécificité nous lie indubitablement sans condition de genre, de race ou d'appartenance sociale, elle est et demeure inchangeable.
Puissions-nous un jour, Hommes, femmes, nous respecter harmonieusement dans nos différences, sans préjugés, en accordant autant de place et de valeur aux uns et aux autres.
Claire Ruquier.
Au commencement, isoler un détail dans un tableau existant, se questionner quant à sa présence, ici la Grenade, ce fruit présent dans un grand nombre d'oeuvres de Botticelli, Lippi, Vinci, Chardin,... (vues dans des musées ou observées dans des livres). S'intéresser à sa présence. La Grenade symbolise tout naturellement le sang, la vie foisonnante, la fécondité. Ces grains multiples d'un rouge vif aux nombreuses nuances,enfermés dans une enveloppe unique, évoquent toutes les communautés de pensées, formées d'individus divers, riches des leurs différences, rassemblés autour d'un même but, d'une même croyance.
Philosophiquement, ce fruit symbolise la dualité du "Un" et du "Multiple" unis fortement pour former un tout, l'Universel. Dans la nature, l'homme par ses observations trouve des réponses à certains de ses questionnements.
Au delà de ces considérations ce qui m'intéresse, c'est de me saisir d'un symbole présent dans l'histoire de la peinture et de le décliner de différentes façons, utilisant sa forme, ses couleurs, et des matières diverses et variées faisant échos au caractère éphémère de notre condition d'homme sur terre. Ces déclinaisons s'organisent quasiment dans une sorte de plaisir obsessionnel, essayant de m'en emparer avec distance, elles se nourrissent de mes expériences, de mes connaissances et de mon histoire. Parfois des éléments organiques s'invitent et se mêlent à la matière, autant de traces, d'empreintes renvoyant au temps qui passe, à la mémoire, à l'origine, à notre caractère passager sur terre.
Humilité d'être, ne cessant d'apprendre et de comprendre sans jamais me rassasier, sans mépriser telle ou telle expérience créative, toujours à la recherche, je m'efforce de suivre mon instinct, sans calcul tout simplement avec envie, en cela il n'y a donc aucunes limites dans l'expérience de la création et tout devient possible.
Claire Ruquier